Zoom matière : L' Acier
Publié par Philippe BUIL le
Bonjour,
Aujourd'hui, j'ai envie de vous présenter un de mes matériaux préférés : l'Acier.
Avant de le travailler de manière artistique, je l'ai connu dans le monde industriel, en travaillant dans des domaines comme la fonderie, la métallerie, la coutellerie, la forge ...
Je compare souvent l'acier à un cheval camarguais fougueux par rapport au cheval de trait qui s'apparente au bronze.
Pour mes créations, j'ai choisi de réaliser une dentelle de métal grace à une technique de dripping.
Le dripping de métal
Parler de Dripping en sculpture sans tomber dans un écoulement de peinture sur un support tridimensionnel parait être une gageure. Une action et un projet qui semblent relever d’un défi ou d’un pari.
Mais en observant de prêt, je fond le métal et il s’écoule au goutte à goutte pour donner une forme hasardeuse. La participation de tout le corps est présente et pas seulement l’intellect. Alors le paradoxe peut s’entrevoir, on sent le levé de rideau et il se révèle une solution à cette alternative.
Le Dripping, comme l’affectionnait Jackson Pollock, est un accès à une mémoire inconsciente, enfouie corporellement, archétypale. Un hasard divin évanescent mis en lumière et en forme.
La projection intériorisée classique ou abstraite puis dans le sable, figée dans l’espace du moule, reçoit par fusion, liquéfaction, les gouttes les unes après les autres. La perte de la maitrise et l’accès à une autre dimension sont les maitres mots du discours, d’une communication entre la sculpture et le sculpteur.
L’alchimie n’est pas loin : « ora et labora ». La table d’émeraude dit : « tu sépareras le subtil de l’épais avec grande ingénierie … il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et reçoit la force des choses d’en haut et d’en bas. »
Les creux et les bosses, les vides et les pleins, les accidents créent un jeu entre la lumière et l’ombre. Cette dentelle est une création suggestive qui fait appel à l’histoire idyllique, chimérique, archétypale, ou obscure, noire de chaque individu. Une histoire personnelle se régénère, recomposant l’œuvre. Elle réinvente sa propre histoire comme une alluvion trainée par le courant de la rivière, de la vie. Elle transforme de manière infinitésimale ou radicale, le Je individuel du créateur et du spectateur en une nouvelle revisitée.
Notre histoire personnelle, mémoires cognitives réelles ou racontées, se reconstruit à chaque goutte figée d’éternité. Mais au travers de nos yeux, les dentelles deviennent solubles dans notre histoire personnelle qui est sans fin à l’opposé des contes dont on connait la fin. Même la mort, pourtant inéducable, n’aura pas raison de nos histoires personnelles racontées dans l’intimité ou au grand jour.
Cette propriété acquise et spécifique de ne jamais avoir de fin et le pouvoir de prendre un nouveau détour à chaque seconde, sont la source de la liberté individuelle. Toutes histoires cognitives refondues est le moyen de reconstruction de son monde, de notre monde.
Gnostiques et agnostiques se rapprochent comme les opposés se rejoignent. Dans cette forêt d’histoires réelles, idylliques, archétypales, consciemment ou inconsciemment construites, le rôle créatif de chacun, stimulé par le regard et l’émotion d’une œuvre à finir, fait grandir vers une liberté individuelle reconquise.
Le Dripping sculptural peut alors prendre vie et inspirer d’autres créatifs dans cette voix de l’esprit inventif.
Je fais fondre les barres d'acier au goutte à goutte
dans un moule en sable.
Une fois que la fonte est terminée, la finition commence.
Je brosse mes sculptures pour révéler les nuances du métal.
Quelques exemples de sculptures en acier : (cliquez sur les photos pour accéder à la fiche complète)
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